Bonjour! Shalom!
Je suis né à Casablanca, au Maroc. Je suis issu d’une famille juive orthodoxe comprenant une longue lignée de rabbins. L’un de mes plus chers souvenirs d’enfance du Maroc se trouve dans ces vendredis soirs et samedis matins que je passais à la synagogue de mon grand-père, à l’occasion du Shabbat. Mes amis me respectaient en tant que petit-fils du rabbin de notre synagogue. Et j’avoue que je ressentais un certain sentiment de sainteté et un merveilleux sentiment d’appartenance aux riches traditions du judaïsme séfarade.
Mais, peu après la guerre des Six-Jours[1] en Israël, la vie pour un Juif demeurant dans un pays musulman devint plus difficile. Alors, en 1968, ma famille vint s’établir à Montréal.
Au milieu des années 1970 c’était très populaire de s’intéresser aux choses qui touchaient la spiritualité. Je me mis à réfléchir sur la question de la religion et à m’intéresser particulièrement aux prophéties. Quelques-uns de mes amis étaient déjà plongés dans les prophéties de Nostradamus. Je me souviens que d’autres consacraient leurs temps libres à l’astrologie. Je refusais de prendre en considération ces sciences ésotériques. Je soutenais que je n’avais aucun motif valable pour chercher ailleurs ce que je pouvais trouver dans ma propre religion. J’ai été voir mon père et lui ai demandé s’il connaissait quelque chose au sujet des prophètes. Il n’en savait rien mais il me remit quelques livres qui appartenaient à mon grand-père. J’en lus plusieurs passages mais ils n’étaient que des livres de prières.[2]
Peu de temps après, des évangélistes vinrent à mon collège, le cégep St-Laurent, et installèrent une table sur laquelle divers livres étaient présentés. Par simple curiosité, je me suis approché de la table et j’ai pris un livre. J’ai lu le résumé à l’arrière de la couverture qui disait: «Qu’est-ce que les prophètes hébreux de l’Ancien Testament prédisent pour notre époque?» Cette phrase répondait directement à la question que je me posais; j’étais frappé de stupeur.
Je suis très sceptique de nature mais je sentais qu’il se passait quelque chose de surnaturel pendant que je lisais le résumé du livre. Je sentais vraiment que Dieu ne me regardait pas seulement en train de tenir le livre mais qu’Il scrutait également les profondeurs de mon âme. Je me sentais désarmé, impuissant et mis à nu. J’ai même regardé derrière moi tellement je sentais une présence près de moi. Je voulais acheter ce livre mais j’étais presque certain que je n’avais pas assez d’argent sur moi; mais j’ai fouillé dans ma poche et j’ai trouvé le montant exact pour l’achat de ce livre plus dix sous pour un billet d’autobus.
Ce livre s’intitulait «L’Agonie de notre Vieille Planète» par Hal Lindsay. Je suis retourné à la maison et tout comme le prophète Jérémie, j’ai dévoré ce livre. Tout en lisant, je m’aperçus que le nom de Jésus revenait souvent et je me disais que c’était acceptable pour Hal Lindsay, l’auteur, d’exalter Jésus. Après tout, Lindsay était chrétien et c’était tout à fait naturel pour les chrétiens d’aimer Jésus. Mais en tant que Juif, je me demandais ce que Jésus venait faire dans les prophéties de l’Ancien Testament.
En plus de cela, parce que le nom de Jésus fut souvent associé à l’antisémitisme dans l’histoire, j’éprouvais à cette époque une aversion pour le nom de Jésus. Je ne pouvais même pas lire son nom. Je repérais du coin de l’oeil l’endroit où se trouvait le nom de Jésus et je sautais franchement par-dessus quand j’y arrivais.
Permettez-moi de vous dire que, pour moi aujourd’hui, le nom de Jésus est le Nom qui est au-dessus de tous les noms.
Quelques semaines plus tard, j’ai rencontré un pasteur baptiste, Monsieur Jim Browning, et je lui ai demandé «Qui est Jésus?» Sachant que j’étais Juif, il essaya de me montrer Jésus dans l’Ancien Testament. Il m’a alors dit que Jésus était l’Ange de l’Éternel qui est venu sur terre pour mourir pour nos péchés, mais je n’avais pas trop compris. Toutes ces histoires pour un ange seulement! Bien, me suis-je dit, ce n’était pas si menaçant pour ma religion judéo-monothéiste traditionnelle. Alors j’ai rappelé ce pasteur et, suite à de longues conversations, il m’a expliqué que Jésus était en fait Dieu lui-même. J’ai eu beaucoup de difficulté à concevoir cette idée jusqu’à ce qu’un jour, je lise un verset qui m’aida énormément à comprendre.
Dans Ésaïe 43,11, Jéhovah déclare: «C’est moi, moi qui suis l’Éternel, et à part moi il n’y a point de sauveur.» Nous pouvons tirer deux conclusions plausibles de ce verset : premièrement, Jésus n’est ni le Sauveur ni le Messie; deuxièmement, Jésus n’est pas seulement le Messie mais Il est Jéhovah lui-même.
Je remercie Dieu pour ce verset. D’ailleurs, je ne peux pas comprendre Jésus dans toutes ses paroles et ses oeuvres à moins de prendre pour acquis la réalité de sa divinité. Toutes les autres doctrines, telles que la doctrine de la grâce, de la substitution, de la rédemption, etc.… prennent une signification nouvelle et plus profonde une fois que nous avons saisi le sens de cette merveilleuse doctrine de la divinité de Jésus et que nous y croyons.
Un autre passage qui m’a bouleversé fut Ésaïe 53. Quand je l’ai lu pour la première fois, j’ai vraiment pensé que la Bible en français avait été falsifiée vu que ce passage était tellement clair pour moi. Je l’ai montré à mon père et à ma mère et leur ai demandé s’ils connaissaient ce passage. Ils me répondirent que non. Mais je remercie Dieu pour le salut de mon père…il a accepté Jésus trois mois avant que le Seigneur le prenne auprès de lui, il y a maintenant seize ans de cela.
Quelques semaines après avoir accepté Jésus comme mon Seigneur, j’ai été baptisé d’eau à une église baptiste. Trois mois plus tard, j’ai rencontré ma future épouse, Sharon. Elle était Juive et non croyante. Animé d’une grande ferveur, l’une des premières choses que je lui ai dites était que si elle ne croyait pas en Jésus, elle irait en enfer. Quel manque de sagesse de ma part envers elle! Ce n’était vraiment pas les paroles les plus appropriées pour témoigner à une personne juive. De quelle manière Sharon a-t-elle réagi? Comme toute bonne fille juive, elle alla le dire à sa mère. Et bien que sa mère lui ait dit que j’étais cinglé, Sharon fit ce que la plupart des adolescents et jeunes adultes font: ne pas écouter ses parents! Un an et demi plus tard, nous étions mariés.
La Bible enseigne clairement qu’un croyant ne devrait pas épouser une personne non croyante. À cette époque, j’étais jeune dans la foi et j’ignorais ce précepte. Je souligne cette question, particulièrement pour les jeunes.
Dieu a été très indulgent et patient à notre égard. Huit ans se sont écoulés avant que Sharon devienne croyante. C’est en moyenne le nombre d’années que l’on doit compter avant qu’une personne juive accepte Yéshoua (Jésus).
Pendant mes jeunes années dans la foi, le Saint-Esprit a manifesté une grande bienveillance envers moi en me gardant fort malgré le fait que, durant ces huit premières années de mariage, je n’ai pas fréquenté d’église et je n’ai eu aucun rapport avec des croyants. Je le mentionne dans le but de démontrer comment Dieu protège les siens et qu’Il ne les abonnera jamais. Dans Jean 10,28, le verset préféré de ma fille Eva, Jésus dit: «Je leur donne la vie éternelle, et elles ne périront jamais, et personne ne les ravira de ma main.» Il n’est pas recommandé de vivre ce genre d’isolement. Les Écritures nous enseignent que chaque croyant est un membre du Corps de Yéshoua; de plus, nous avons besoin les uns des autres.
Je me souviens très bien de ces semaines et mois précédant la conversion de Sharon. Les choses commençaient à changer pendant que le Saint-Esprit était à l’oeuvre. Je m’apercevais que Sharon jetait des coups d’oeil à mes livres. À l’occasion, je plaçais un livre délibérément d’une certaine façon et lorsque je revenais du travail, je m’apercevais qu’il était toujours au même endroit. Toutefois, le livre avait été déplacé! Je remarquais un certain changement dans son attitude envers Yéshoua. Il lui arrivait même de prendre sa défense. Tout enthousiasmé, je voulais savoir si elle croyait vraiment. Je lui ai donc joué un petit tour. À cette époque, et encore aujourd’hui, l’une de mes doctrines préférées est l’Enlèvement de l’Église, cette espérance bénie. Sharon connaissait tout à son sujet. Je lui avais même dit que, si un jour je n’étais plus là, de lire 1 Thessaloniciens 4 et 1 Corinthiens 15. Alors un après-midi, je me suis caché dans la penderie derrière quelques manteaux d’hiver. Elle a commencé par m’appeler et me chercher dans l’appartement, persuadée que je jouais à la cachette. Ses appels et ses recherches étaient inutiles et je remarquai une certaine panique dans sa voix. Des années plus tard, elle m’avoua qu’elle pensait que j’avais été enlevé et qu’elle devrait passer à travers la Grande Tribulation.
Tout en étant non croyante, Sharon accepta d’assister à une conférence d’un Juif messianique qui avait lieu dans une église locale. Nous ne savions pas qu’il s’agissait du Dr Arnold Fruchtenbaum. Je me souviens avoir été très impressionné par sa connaissance de la Bible, et il s’est passé bien des années avant de le rencontrer à nouveau.
Quand Sharon a reconnu Jésus comme son Sauveur, des membres de sa famille, et de la mienne, ont commencé à paniquer et des anti-missionnaires sont venus nous voir afin de nous convaincre que Jésus n’était pas pour les Juifs. Au cours des premières années de sa conversion, nous avons pris part à au moins onze rencontres dans lesquelles nous devions faire face à des rabbins et à des anti-missionnaires. Je puis vous affirmer aujourd’hui que pendant cet épisode de notre vie, notre foi a grandi considérablement. Nous étions obligés d’étudier de manière à répondre aux attaques. Nous devions prier sans relâche et je n’ai jamais autant ressenti la présence de Jésus que lors de ces moments difficiles.
L’une des rencontres les plus remarquables que j’ai faite fut celle où j’ai été présenté à un éminent rabbin d’origine marocaine, demeurant à Montréal. Nous nous sommes assis dans son bureau et après lui avoir parlé d’Ésaïe 53, il m’a répondu que ce passage ne faisait pas du tout référence au Messie. Alors, je lui ai fait remarquer que dans le Talmud, au Sanhédrin 98b, des rabbins ont appliqué Ésaïe 53 au Messie. Il est allé chercher son Talmud, a lu le passage en question et fut très étonné. Je lui ai donc demandé si c’était au moins «juif» de dire que le Messie devait mourir pour nos péchés. Il m’a répondu que ce n’était qu’une façon d’interpréter ce passage et que nous (sous-entendant la communauté marocaine) adhérions principalement aux interprétations de Maimonide et de Rashi. Je lui ai demandé s’il considérait que Maimonide était un prophète. Il acquiesça. Je lui ai alors demandé s’il était au courant que Maimonide avait fait une prophétie annonçant la venue du Messie à une certaine date et qu’elle ne s’était jamais réalisée. J’ai ensuite cité Moïse, dans Deutéronome 18,21-22, qui déclare qu’aucun vrai prophète de Dieu ne pouvait faire d’erreurs. Je me souviens qu’il se fâcha et donna un coup de poing sur la table. Il me demanda si j’avais des preuves de mon accusation contre Maimonide. Je lui ai dit que je les lui fournirais et c’est ainsi que notre entretien se termina.
Cette même journée, je me suis rendu à la Bibliothèque juive de Montréal. Et bien que ce soit une bibliothèque anglophone, j’ai trouvé le livre dont j’avais besoin, écrit en français! Ce rabbin en question était francophone. La référence que j’ai trouvée était une lettre éditée de Maimonide au Rabbin Alfujame du Yémen. Dans cette lettre, Maimonide avait conclu que le Messie viendrait au début des années 1200. À cause de cette prophétie, beaucoup de Juifs s’établirent en Israël et de ce fait furent massacrés par les musulmans.
Je lui ai donc remis cette lettre et il l’a gardée pendant deux semaines. Je suis allé lui parler par la suite afin de connaître ses déductions. Il a dit qu’il y avait un mystère qu’il ne pouvait pas expliquer. Selon lui, il n’existait pas même le soupçon d’un doute au sujet de son grand prophète Maimonide. Cette rencontre m’a enseigné que quelles que soient la raison, la logique ou les preuves que nous pouvons utiliser pour témoigner, cette bataille relève de la sphère spirituelle. Je suis quand même très reconnaissant envers Dieu qui est fidèle et qui a donné l’occasion à ce rabbin d’entendre sa Parole.
Ma famille reçoit encore de la littérature haineuse de la part d’anti-missionnaires. Mais Jésus dit que lorsque ces choses arrivent «réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse car grande sera votre récompense dans les cieux, car ils ont persécuté les prophètes avant vous.»
Depuis 1996, nous sommes heureux de servir Dieu à Montréal par l’entremise des ministères Ariel Canada et de la congrégation messianique Beth Ariel. Nous vous demandons, Sharon et moi-même, de bien vouloir prier pour nous afin que nous soyons des serviteurs efficaces de par notre façon de vivre pour la gloire de Dieu.Y
[1] La guerre des Six-Jours s’est déroulée en 1967 entre Israël d’un côté et l’Égypte, la Jordanie et la Syrie de l’autre côté. Les États arabes ont reçu l’aide de l’Iraq, du Koweït, de l’Arabie saoudite, du Soudan et de l’Algérie. Du début à la fin, la guerre dura 132 heures et 30 minutes (donc moins de six jours). Cette guerre a été la plus spectaculaire des guerres survenues entre Israël et les nations arabes, résultant en une récession chez le monde arabe qui dura plusieurs années, changeant les mentalités et les orientations politiques du peuple, et résultant de plus en l’augmentation de tensions entre les pays arabes et le monde occidental. Bien que les pertes matérielles et humaines aient été assez lourdes, la faiblesse arabe dans cette guerre, comparée à l’efficacité israélienne, ne sera probablement pas oubliée pour plusieurs décennies à venir. La guerre a rapporté à Israël les plus grands gains territoriaux provenant de tous les autres conflits armés dans lesquels ce pays fut impliqué: la conquête du Sinaï et de la Bande de Gaza sous le contrôle de l’Égypte; la conquête de Jérusalem-Est et la Cisjordanie contrôlés par la Jordanie et la conquête du Golan contrôlé par la Syrie.
[2] Le Siddur (Siddurim au pluriel) est le livre de prières utilisé par les Juifs à travers le monde. Il renferme une série de prières quotidiennes. Le Siddur est l’un des livres juifs largement répandu et des plus connus. Il est le premier livre qu’un Juif religieux commence à lire. Le Siddur a été rédigé à Babylone, au début du Moyen-Âge, par des dirigeants de collèges rabbiniques.