Pendant le service de Yom Kippour, un livre énigmatique néanmoins marquant, de la Bible hébraïque est lu dans son intégralité. Il s’agit du livre de Jonas.

Pourquoi lit-on ce livre en particulier et à un moment si important de l’office de Yom Kippour, juste avant la Né’ila (fermeture des portes), c’est-à-dire le dernier office de la journée ? La raison derrière la lecture de ce livre tient en une anecdote toute simple, datant d’il y a plusieurs siècles.

Il est dit qu’un jour, Israël a demandé à Dieu : « Maître de l’univers, si nous nous repentons aujourd’hui à Yom Kippour, l’accepteras-tu ? ». Dieu répondit : « Est-ce que j’accepterais le repentir de l’Assyrien de Ninive avec Jonas, et pas le vôtre? » (traduction libre française de Pesiqta de-Rav Kahana, p.487/Hammer) C’est donc avec le thème de la repentance à l’esprit que le livre du prophète Jonas est lu en ce jour.

Dans le cadre de l’histoire de Jonas, on estime que le prophète a conduit 600 000 Assyriens à la repentance, lesquels ont alors cru dans le Dieu de la Bible et ont ainsi évité de subir un lourd jugement. Chaque année, à Yom Kippour, le peuple juif lit le livre de Jonas afin de se souvenir de la miséricorde et du pardon infinis de Dieu. Mais le livre de Jonas contient un autre message majeur, car lorsque l’on parle de pardon et de miséricorde, le Messie émerge avec force. Et ce qui est le plus remarquable, c’est que Yeshua Lui-même a rappelé l’histoire de Jonas et l’a utilisée comme une illustration de Sa propre mort et de Sa résurrection, des actes qui sauveront les millions de personnes qui placeront ensuite leur confiance en Lui. Lorsqu’Il vivait sur terre et après avoir démontré Ses pouvoirs à travers de nombreux signes, certains s’approchèrent de Jésus en disant « Maître, nous voudrions Te voir faire un miracle. » (Matthieu 12:38b). Pourtant, Il leur avait déjà montré de nombreux signes; néanmoins, il en restait un dernier à observer pour eux et pour tous les autres. C’est alors que Yeshua répondit, « Une génération méchante et adultère demande un miracle; il ne lui sera donné d’autre miracle que celui du prophète Jonas. 40 Car, de même que Jonas fut trois jours et trois nuits dans le ventre d’un grand poisson, de même le Fils de l’homme sera trois jours et trois nuits dans le sein de la terre. » (Matthieu 12:39b-40)

Quel est le signe de Jonas ? Il s’agit de la mort et de la résurrection de Yeshua ! On voit donc comment le Messie boucle l’histoire de Jonas : comme le Seigneur a sauvé 600 000 Assyriens, ainsi Yeshua sauvera pour la vie éternelle quiconque viendra à Lui. Tel est donc le message complet du livre de Jonas. De même que Jonas a passé 3 jours et 3 nuits dans le ventre du poisson, de même le Messie a passé 3 jours et 3 nuits dans le séjour des morts (Shéol), afin de triompher de la mort et nous donner la vie éternelle. Et les Juifs d’hier et d’aujourd’hui ne devraient pas s’en étonner. En effet, il existe une vieille légende juive selon laquelle Jonas était le messie lui-même, car il fut ressuscité et commença à sauver les autres peuples, une tâche qu’Israël était appelée à accomplir. Cette théorie prétend que Jonas était le fils de la veuve de Sarepta qu’Élie avait ressuscité (1R 17). Ils pensaient en effet qu’Élie ouvrait la voie au Messie (Yalkut Chadash, Mashiah, par. 22).

Pas comme les autres

Cependant, remarquez que la résurrection de Yeshua est différente de celles opérées par Élie et Élisée, puisque dans Son cas, Yeshua a été ressuscité pour la vie éternelle, pour ne plus jamais mourir. « Car, de même que Jonas fut trois jours et trois nuits dans le ventre d’un grand poisson, de même le Fils de l’homme sera trois jours et trois nuits dans le sein de la terre ». (Matthieu 12:40)

Remarquez que les trois jours et les trois nuits sont mentionnés deux fois dans ce verset, ce qui rappelle de manière éloquente qu’il a vaincu la mort une fois pour toutes. Il est très intéressant de noter que le Talmud (Talmud de Babylone, traité Yévamot, p. 120a) déclare qu’après le troisième jour, il ne subsiste aucune possibilité de résurrection puisque la décomposition du corps a déjà commencé et qu’une fois ce processus enclenché, il est irréversible d’ici le quatrième jour.

Mais ni la mort ni la corruption ne pouvaient affecter le Messie, ainsi que le proclame la prophétie de David dans le Psaume 16:10. Il y est écrit; Car tu ne livreras pas mon âme au séjour des morts, Tu ne permettras pas que ton bien-aimé voie la corruption.  Cette prophétie a été citée par Pierre au chapitre 2 des Actes des Apôtres, afin de faire ressortir la puissance de la résurrection du Messie.

Le dénigrement de Jonas et des Juifs

À présent, permettez-moi de vous parler d’une dévalorisation considérable qui a eu lieu ! Bien que les Écritures mentionnent la grande œuvre de Jonas et que Jésus l’ait utilisée comme illustration du plus grand don jamais fait à l’humanité, c’est-à-dire Sa propre mort et Sa résurrection, le récit de Jonas s’est avéré être l’un des livres les plus raillés de l’histoire, non seulement du point de vue des athées ou des agnostiques, mais aussi, de manière assez surprenante, de celui du monde religieux. Fait intéressant à relever, il y a eu en fait un revirement d’attitude à l’égard du livre de Jonas. En effet, en lisant les écrits des commentateurs bibliques des 300 premières années de notre ère, la plupart d’entre eux étaient très respectueux de l’histoire de Jonas, car ils savaient que Jésus l’avait utilisée pour illustrer Sa propre résurrection.

L’un d’entre eux, Théodore de Mopsueste, qui vivait à la fin des années 300 après J.-C., parlait de lui comme du bienheureux Jonas le prophète et faisait l’éloge de son œuvre remarquable. Un autre, Théodoret de Cyr, qui vivait lui aussi à peu près à la même époque, a fait une excellente critique de Jonas et l’a appelé le bienheureux Jonas, prophète de Ninive, puis établi un lien entre ses œuvres et Yeshua.

Il en fut ainsi jusqu’à Saint Augustin. C’est à ce moment-là que la situation s’est inversée. Il semble avoir créé la tendance, qui dure encore à ce jour, lorsqu’il écrit : « Jonas était un archétype du peuple charnel d’Israël, car il était attristé par la sauvegarde des Ninivites… Il était frustré par la rédemption et le salut des Non-Juifs » (traduction libre française, Ancient Christian Commentary on Scripture, OT Volume 14, The Twelve Prophets, Commentary on Jonah). Au lieu d’associer Jonas à Yeshua, Augustin a rattaché ce prophète à la nation d’Israël, un peuple qu’il méprisait déjà. Cette perspective est restée fermement en vigueur tout au long de ces 1700 dernières années.

Surprenant, n’est-ce pas, de voir comment cette tendance se poursuit ! Permettez-moi de vous citer deux commentaires contemporains qui vont dans le même sens:  Jonas, à cause de son rejet des non-Juifs et de son aversion pour leur inclusion dans le salut, était mécontent de la miséricorde de Dieu à l’égard des Ninivites. Un autre commentateur populaire a écrit ceci:  La préoccupation mesquine de Jonas … était une image de l’apitoiement d’Israël sur son propre sort et de son manque d’intérêt pour les nations.

Pourquoi ont-ils déclaré ceci ? Ils semblent oublier les paroles de Jésus qui a dit que le salut vient des Juifs. Dans ce dernier exemple, ils dénigrent et attaquent la validité de la Parole de Dieu.

Je ne citerai pas les noms de ces auteurs, car la plupart de leurs textes reposent sur de solides principes doctrinaux. Je vous mets cependant au défi de consulter n’importe quel commentaire sur Jonas et vous en avez beaucoup à votre disposition sur l’internet: lisez-les et vous serez surpris de voir ce qu’ils disent de lui et d’Israël. Vous verrez à quel point ils ont oublié le message initial – la formidable résurrection de Yeshua. Ceci devrait-il nous surprendre ? Jonas était et est encore le sujet de tant d’abus, comme c’était et c’est aussi le cas pour Yeshua, de qui il a été écrit: Qui a cru à ce qui nous était annoncé ?

C’est ainsi que commence le célèbre chapitre messianique d’Ésaïe 53. C’est un verset que Jonas pourrait également utiliser.