“LES ARBRES TARDIFS SONT CEUX QUI PORTENT LES MEILLEURS FRUITS” (Molière)

 

Dans quelle mesure devons-nous être patients ? Jusqu’à quel point la patience de nature divine est-elle mise en pratique ? Combien de chances devons-nous donner à quelqu’un qui a sciemment de mauvaises intentions et qui veut nous faire du mal ? Très souvent, nous agissons hâtivement au moindre soupçon d’une offense et sommes prompts à condamner. Notre patience est-elle contenue dans un vase creux qui n’a besoin que de quelques gouttes pour déborder, ce qui actionne alors la gâchette de la condamnation ? Afin de faire remonter la vérité encore plus près de la surface, nous devons nous demander dans quelle mesure la partialité joue dans notre empressement à réprimander l’un et pas l’autre. Notre prompte condamnation des autres montre que nous ne sommes pas tant que ça mieux qu’eux. Que faire alors, lorsque nous sommes en présence d’un abus qui nous fait dresser les cheveux sur la tête ? Nous nous tournons vers la Parole de Dieu pour trouver à la fois une réponse et un exemple, celui d’une patience parfaite, sans partialité.

 

Cet attribut divin est pleinement développé et exposé dans la vie du Messie Yeshua. Notre Messie a, en effet, été confronté à un tel individu – un individu qui l’a suivi tout au long de Son ministère, et qui a commis un crime qui restera dans les annales de l’histoire humaine comme l’un des pires. Le coupable en question est Judas Iscariote, celui qui vend le Fils de Dieu pour ce qui était, à l’époque, le prix d’un esclave mort : 30 pièces d’argent.

 

Au fur et à mesure que les événements se succèdent dans l’Évangile, l’omniscience de Yeshua nous est constamment rappelée, renforçant la certitude qu’Il savait depuis le début que Judas n’était pas sincère, qu’il développait petit à petit un cœur rempli de haine envers Lui et envers les autres disciples et que la trahison totale finirait par s’ensuivre. Yeshua savait que cet homme n’était pas sincère et pourtant, chaque jour pendant la phase de préparation des disciples, pendant trois ans, Il a agi envers lui avec le même amour et la même attention qu’envers les autres, un amour sans partialité et uniformément distribué aux douze disciples. Remarquable, n’est-ce pas ! Un magnifique exemple de la puissance de la patience, celle enracinée dans l’amour et qui cherche à produire une pieuse repentance de la part du pécheur.

 

Tournons-nous vers le dernier repas pascal que Jésus a partagé avec ses disciples. Au cours du souper, Yeshua n’a pas identifié une seule fois, mais deux fois, celui qui devait le trahir. Deux questions en ressortent : tout d’abord, pourquoi Jésus a-t-il choisi d’identifier Judas et ensuite, une fois Judas identifié, pourquoi les autres disciples n’ont-ils pas réalisé ce fait et n’ont-ils pas agi en conséquence de cette perfide révélation?

 

Dans Matthieu 26: 21-23, nous lisons: Pendant qu’ils mangeaient, il dit: « Je vous le dis en vérité, l’un de vous me livrera. » Ils furent profondément attristés, et chacun se mit à lui dire: « Est-ce moi, Seigneur? » Il répondit: « Celui qui a mis avec moi la main dans le plat, c’est celui qui me livrera. »

 

Dans Jean 13:21-26, le traître est clairement identifié. Ayant ainsi parlé, Jésus fut troublé en Son esprit, et il dit expressément: « En vérité, en vérité, je vous le dis, l’un de vous me livrera. » Les disciples se regardaient les uns les autres, ne sachant de qui il parlait. Un des disciples, celui que Jésus aimait, était couché sur le sein de Jésus. Simon Pierre lui fit signe de demander qui était celui dont parlait Jésus. Et ce disciple, s’étant penché sur la poitrine de Jésus, lui dit: « Seigneur, qui est-ce? » Jésus répondit: « C’est celui à qui je donnerai le morceau trempé. » Et, ayant trempé le morceau, il le donna à Judas, fils de Simon, l’Iscariote. Non seulement ils avaient ce signe comme preuve, mais en consultant à nouveau Matthieu 26:25, nous lisons: Judas, qui le livrait, prit la parole et dit: « Est-ce moi, Rabbi? » Jésus lui répondit: « Tu l’as dit. »

 

Pourquoi Jésus a-t-il identifié Judas comme le traître ? Jésus a-t-il désigné publiquement le traître à l’intention des disciples, peut-être dans le but de les avertir ou notre Seigneur a-t-il fait cela pour Judas ? Ces tentatives de notre Seigneur étaient-elles destinées à amener Judas Iscariote à une véritable et pieuse repentance avant qu’il ne commette ce crime des plus odieux ? Même si Yeshua savait ce qui allait se passer, Il lui a quand même offert une occasion et a fait preuve d’une patience pure et impartiale envers Son traître. Judas est un exemple de tous ceux qui refuseront à plusieurs reprises l’appel de l’Esprit de Dieu. Jusqu’à la dernière occasion, jusqu’à la dernière seconde, l’Esprit de Dieu sera là pour n’importe qui ; Il sera là jusqu’à ce qu’Il soit repoussé. Et même s’Il sait que l’individu refusera, comme dans le cas de Judas Iscariote, Il sera toujours là. Quel mystère ! Et cet amour et cette patience dont notre Seigneur a fait preuve ont été inébranlables jusqu’au bout, jusqu’au baiser qui a abouti à l’arrestation de Jésus.

 

Lorsque Judas s’est approché de Jésus et lui a donné le baiser de la trahison, la réponse du Fils de Dieu a été : « Ami, pourquoi es-tu venu ? », ce qui selon Scofield, est « peut-être la chose la plus touchante de la Bible… le Seigneur ne renie pas Judas »[1]. Comment un tel amour peut-il être possible, et quelle preuve avons-nous que cet amour sans compromis de Yeshua a été continu tout au long de Son ministère ?

 

L’aveuglement des disciples

N’est-il pas étonnant qu’après toutes ces claires indications, il nous soit dit dans Jean 13:28 : Mais aucun de ceux qui étaient à table ne comprit pourquoi il lui disait cela. Certains disciples ont pensé que, puisque Judas était le trésorier, Jésus l’envoyait acheter quelque chose. Ce serait très improbable, car c’était un soir de Pâque et tout devait être fermé à Jérusalem. D’autres disciples ont pensé que Jésus l’envoyait faire l’aumône aux pauvres. « Mais aucun de ceux qui étaient à table ne comprit pourquoi il lui disait cela. »

 

Quelle pourrait être la raison de l’aveuglement du disciple à ces signaux manifestes ? Le fait que les disciples n’aient pas du tout identifié Judas comme un traître démontre qu’ils ont tous reçu le même amour et la même attention de la part de Yeshua. Personne n’a été mis à l’écart ni n’a reçu moins d’amour, de sorte qu’ils ne pouvaient même pas concevoir l’idée qu’un traître se trouvait parmi eux, même lorsqu’on le leur a clairement indiqué.

 

Il pourrait aussi y avoir d’autres raisons. Peut-être que le Seigneur ne voulait pas que les disciples le sachent parce que s’ils avaient compris que Judas était le traître, ils auraient pu s’en prendre à lui, même là pendant le souper, ce qui aurait fait échouer le plan consistant à se rendre à la croix à l’heure et de la manière prévues. Mais il y a encore une autre réflexion encore plus approfondie à faire ici. Cet « aveuglement » établit un précédent pour nos comportement et attitude fervents au sein du corps du Messie, l’Église, un précédent qui a été déclenché environ 50 jours avant la naissance de l’Église.

 

Dans Matthieu 13, Jésus a dit que le Royaume de Dieu à venir sera composé de blé et d’ivraie. Les épîtres nous disent que beaucoup de cette ivraie entrera dans nos congrégations. Mais à moins que le Seigneur ne nous dise et ne nous amène à connaître le cœur de ces individus, nous devons prier pour eux et ne montrer aucune partialité lorsqu’il s’agit d’amour et de patience dans le contexte de leur salut. Les disciples n’avaient aucune idée que l’un des leurs n’était pas un vrai croyant et pourtant, Yeshua le leur a caché. Jésus les aimait tous, sans aucune distinction.

 

Ceci constitue un précédent : nous ne devons pas rechercher et juger le salut d’un homme, mais nous devons l’aimer jusqu’à la fin, afin qu’il parvienne à la repentance. Et quand Dieu voudra que leur fausse foi soit exposée, c’est Lui qui prendra soin d’eux.  Dans 1John 2:19, parlant de ceux qui ont quitté la foi, l’Esprit de Dieu dit: Ils sont sortis du milieu de nous… afin qu’il fût manifeste que tous ne sont pas des nôtres. Il les fera sortir de notre sein. Ces non-croyants seront révélés une fois que leur cœur sera complètement endurci, mais avant cela, s’il y avait une occasion sur un million, Dieu s’en serait servi. De la même manière, nous ne devrions pas gâcher cette même opportunité à cause de notre partialité et de notre condamnation.

 

Que les disciples aient été aveuglés à cause de l’amour inconditionnel et impartial que Yeshua leur a tous prodigué, ou que ce soit Yeshua qui le leur ait caché afin de respecter la prescription de ne pas juger le salut d’un homme, voici ce dont nous sommes sûrs: le Seigneur veut que nous aimions, avec patience et sans partialité. Il veut que nous aimions de la même manière que Lui. L’amour parfait et arrivé à maturité n’exige aucune partialité, car le Seigneur Lui-même dit qu’« Il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et Il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes », dans l’espoir qu’un tel amour amène un changement de cœur et une repentance pieuse pour les injustes ainsi que les iniques.

 

[1] Scofield Reference Bible, p.1039 ©1986 Barbour and Company Inc